• ► Le Nouveau Monde oublié

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    LA BATAILLE ÉPIQUE DU LAC CHAMPLAIN – PARTIE I : UNE COALITION HISTORIQUE DE DEUX CIVILISATIONS
    Au printemps 1609, à peine remis d’un autre choc hivernal français où la colonie de Québec vit périr 20 de ses 28 colons, Samuel de Champlain avait décidé que le temps était venu d’honorer sa promesse d’assister ses alliés autochtones contre leurs rivaux anciens, la Ligue des Cinq-Nations iroquoises — rien de moins.
    En frappant les Iroquois sur leur propre terrain, Champlain espérait refroidir leurs ardeurs guerrières et sécuriser le corridor laurentien afin de laisser le champ libre au commerce des fourrures. Comptant sur ses alliés innus, Champlain misait aussi sur un atout de taille encore inconnu de ces sociétés autochtones : l’arquebuse. Commandé de rentrer en France quelques mois plus tard, c’était le moment ou jamais de passer à l’action.
    Le 18 juin, Champlain et une vingtaine de ses hommes embarquèrent dans leur chaloupe pour remonter le fleuve sous l’escorte d’une centaine d’Innus à bord de leurs canots. Sur une île près de Batiscan, l’expédition fit la rencontre de quelque 300 guerriers wendats (Hurons) et weskarinis (Algonquins), qui s’amenaient vers Québec.
    Avec l’aide d’interprètes, Champlain et leurs chefs Ochasteguin et Iroquet échangèrent et fumèrent ensemble le calumet cérémonial sous le regard captivé de centaines de guerriers qui épiaient la scène — bon nombre n’ayant encore jamais vu d’Européens de leur vie. Champlain leur présenta alors son intention de lancer une expédition militaire en territoire des Mohawks, l’une des cinq nations iroquoises, par la voie de la rivière Richelieu. Curieux de mieux savoir à qui ils avaient à faire, les chefs proposèrent de se rendre d’abord à Québec pour faire plus ample connaissance.
    Ensemble, ils formaient un convoi historique extraordinairement hétéroclite : des soldats français dans leur chaloupe, arquebuses à la main, armures brunies, casques et chapeaux emplumés, bannière au vent et toute la panoplie d’équipements de guerre européens à bord. Autour d’eux, une armada d’une centaine de canots bondés de guerriers autochtones peints aux couleurs vives.
    À Québec, Autochtones et Français festoyèrent durant plusieurs jours au cours desquels se tinrent maints discours et danses rituelles. Pour les premiers, chaque étape de cette rencontre servait à évaluer de quel bois étaient faits les nouveaux-venus. Ces derniers en étaient bien conscients et ils n’épargnèrent aucun détail pour impressionner leurs convives.
    Fêtes terminées — les impressions des uns et des autres étant concluantes — les alliés reprirent la route le 28 juin. À l’embouchure de la rivière Richelieu, ils s’arrêtèrent pour se reposer. Déjà que quelques dizaines de Français avaient décidé de rebrousser chemin, les Autochtones profitèrent de cette pause pour réfléchir sur le péril qui les attendait. Ils s’apprêtaient à défier chez eux les Mohawks, parmi les plus redoutables combattants d’Amérique du Nord. Quant aux tortures qu’ils réservaient à leurs adversaires faits prisonniers, on les craignait davantage que la mort elle-même. Soudainement, plusieurs d’entre eux se remémorèrent toutes sortes de raisons qui les plaçaient dans l’obligation de se retrouver sans tarder sous d’autres cieux. Champlain rapporta qu’après mûre réflexion, seule une soixantaine d’entre eux répondaient toujours à l’appel.
    Puis, à la hauteur des rapides de Chambly, la douzaine de Français restant durent se résoudre à abandonner leur chaloupe pour embarquer dans les canots de leurs alliés — plus légers et maniables. Pour certains, s’en était trop. Même Champlain considéra un instant d’abandonner la mission, mais il décida de persévérer.
    À ses hommes qui n’en avaient pas le courage, Champlain indiqua de retourner à Québec où, par "la grâce de Dieu", il espérait les revoir à nouveau. Seuls deux soldats décidèrent de poursuivre l’expédition. Champlain se retourna alors vers ses alliés et leur annonça que ses compatriotes et lui iraient jusqu’au bout, avec eux, sur le chemin de la guerre.
    À suivre…
    Pour commander Le Nouveau Monde oublié : http://marco-wingender.ca/
    Crédit d’illustration : Archibald Webb
     
     
     
     
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